Friday, March 04, 2011

Trying (and failing) bringing evidence to an Israeli police station / Comment j'ai essayé et échoué de donner des preuves à la police israélienne




(c) Anne Paq/Activestills,org

Photo 1: in front of the Israeli Police Station / Devant le poste de police israelien, Hebron, 02.03.2011

Photo 2: Mahmoud, Palestinian journalist arrested during a protest in Hebron / Mahmoud, journaliste palestinien arrêté pendant une manifestation, Hebron, 25.02.2011.

04.03.2011:

Following the protest last week in Hebron during which a young Palestinian journalist called Mahmoud was violently arrested by Special forces and accused of having thrown stones, I was asked to make an official statement to the Israeli police station in Hebron. I had pictures of the arrests, videos of tMahmoud taking pictures earlier in the protest, and I could clearly said that I was next to him just before his arrest and that he did not throw stones. I clearly also remembered that I saw some young Palestinian throwing stones just next to us and then ran away, just minutes before the police jumped on the Palestinian journalist.

So I went to Hebron to present this evidence, one day before the hearing was scheduled. I went together with Joe, a member of CPT, a group based in Hebron and Tuwani. He also had pictures to give.
We had to take a taxi to the police station, only to find ourselves in front of a closed gate. I bet the police station does not look the same on the settlers' side An Israeli policeman was behind, but could not talk English. Once he understood what we wanted, he went away just to be back a few minutes after with another person in civilian clothes, who started right away to shout at us that the case was closed and that all evidence were already sent to the prosecutor. We insisted on giving the evidence. He shouted back that it was not possible, and that there was no evidence to give. Then Joe took out his camera and he went very mad. He shook the gate, screamed and left. We were not deterred and decided to try again. We used the only way to contact the station- an intercom. Then for the next three hours we tried and tried. Sometimes the person on the intercom would say that the investigator would come soon, other times they would only speak Hebrew. Another time we were told to dial a number of the phone which was next to the intercom only to find out that this phone was not connected! Another policeman who came to deal with the Palestinians who were also waiting told us that “of course we could give evidence”. But later he said that the investigator was “really busy” and that he was not working for us. It was quite ironic as the sign on the gate states “at your service”. We also called a bunch of organizations, including the ICRC which tried to talk to the Israeli authorities to let us in, all in vain.

Finally we gave up after we talked to the lawyer who told us to go home. This was frustrating, outrageous and just so emblematic of the whole system- trying to look “legal”- (“of course you can testify!”) but then denying the basic rights in reality.
Imagine the case in your country- you have crucial evidence for a case in which the person risks months if not years in prison and the police would just not take it because that will contradict their version of the event. The mother of Mahmoud was devastated, she thought that our testimonies would allow Mahmoud to go home the same day.

Justice I believe will prevail. That corrupt system will fall. In the meantime, many young Palestinians will found themselves in jail for nothing.
The next day, I received a phone call- Mahmoud the Palestinian journalist was freed, charges were dismissed. A small victory and a big smile on my face.


-------FRANÇAIS------------------------------------------------------------------------

Suite à la protestation la semaine dernière à Hébron au cours de laquelle un jeune journaliste palestinien appelé Mahmoud a été violemment arrêté par les forces israeliennes spéciales et accusé d'avoir jeté des pierres, on m'a demandé de faire une déclaration officielle à la station de la police israélienne à Hébron. J'avais des photos de l'arrestation, des vidéos de Mahmoud en train de prendre des photos au début de la protestation, et je pouvais clairement dire que j'étais à côté de lui juste avant son arrestation et qu'il n'avait pas jeter des pierres maisnjuste pris de photos. Il etait un photographe comme moi au milieu de l'action.

Je me suis aussi clairement rappelé que j'avais vu un jeune palestinien lancer des pierres juste à côté de nous avant de s'enfuir, juste quelques minutes avant que la police ne saute sur ce pauvre journaliste palestinien qui n'y etait pour rien.

Je me suis donc rendue sans hesitations à Hébron pour que la police prenne mon temoignage, et j'avais deja envoyé mes photos et videos à l'avocat. La premiere audience etait fixée pour le lendemain. J'étais accompagnée par Joe, un membre du CPT, un groupe basé à Hébron et Tuwani. Il avait aussi des photos à donner.

Nous avons dû prendre un taxi jusqu'à la station de police pour se retrouver devant un grand portail fermé. Je parie que le poste de police n'a pas le meme visage du côté des colons.
Un policier israélien était derrière la grille, mais ne pouvait pas parler anglais. Une fois qu'il a compris ce que nous voulions, il est parti pour revenir quelques minutes après avec une autre personne en civil, qui a commencé tout de suite à nous crier dessus que l'affaire était close et que tous les éléments de preuve avaient été déjà envoyé au procureur. Nous avons insisté que nous voulions témoigner et que le cas n'était pas clos. Il nous a répondu, encore en criant, que ce n'était pas possible, et qu'il n'y avait aucune preuve supplémentaire à donner. Ensuite, Joe a sorti sa camera, ce qui a déclenché la fureur du policier qui s'est mis à secouer frénétiquement le portail avant qu'il ne parte. Nous ne nous sommes pas découragés. Nous avons utilisé le seul moyen de contacter la station-un interphone. Ensuite, pendant les trois heures suivantes, nous avons multiplié en vain les tentatives. Parfois, la personne à l'interphone nous disait que le procureur viendrait bientôt, d'autres fois ils nous répondaient en hébreu et faisaient mine de ne pas comprendre. Une autre fois, on nous a dit de composer un numéro de téléphone qui était à côté de l'interphone seulement pour découvrir que ce téléphone n'était pas connecté! Un autre policier qui est venu s'occuper des Palestiniens qui attendaient aussi nous a déclaré que "bien sûr vous pouvez donner des preuves". Mais plus tard, il nous a expliqué que le procureur était «très occupé» et qu'il ne travaillait pas pour nous. C'était assez ironique au vu de la pancarte sur le portail détaillant les procédures et finissant par "à votre service". Nous avons également fait appel à [plusieurs organisations, y compris le CICR, qui a essayé de faire pression sur les autorités israéliennes afin nous laisser entrer...tout cela en vain.

La nuit arrivant, nous avons renoncé après que l'avocat nous ait dit lui-même de rentrer à la maison. L'expérience était bien évidement très frustrante, révoltante et ô combien emblématique de l'ensemble du système essayant de se parer d'une apparence légale - («Bien sûr, vous pouvez témoigner!") tout en niant dans la réalité l'application des droits les plus fondamentaux.
Imaginez le cas dans votre pays: vous avez des preuves cruciales pour un cas pour lequel une personne risque des mois voire des années de prison et la police ne veut tout simplement pas prendre votre témoignage parce que cela contredit leur version. La mère de Mahmoud etait dévastée, elle pensait que notre témoignage permettrait à Mahmoud de rentrer à la maison le soir même.
 Malgré la colère, je crois profondément que la justice prévaudra. Ce système corrompu et fondamentalement injuste tombera. Dans l'intervalle, de nombreux jeunes Palestiniens vont se trouver en prison pour rien.
Le lendemain, j'ai reçu un appel téléphonique: Mahmoud avait été libéré et toutes les accusations ont été rejetées. Une petite victoire et un grand sourire sur mon visage.

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